Les essais cliniques ont changé la médecine

Les chercheurs canadiens ont apporté d’importantes contributions à la pratique de la médecine grâce à des découvertes mises à l’épreuve dans le cadre d’essais cliniques. Voici des exemples de traitements que vous connaissez ou qui vous sont peut-être déjà familiers, mais dont vous ignoriez éventuellement qu’ils ont vu le jour au pays.

Sida/VIH

Un médicament appelé 3TC aide de nombreuses personnes à vivre avec le SIDA et à diminuer significativement le taux de transmission du VIH/sida des mères à leurs enfants. Les enfants peuvent contracter le VIH/sida de leur mère pendant la grossesse, l’accouchement ou l’allaitement. Or, 3TC réduit considérablement ce risque en réduisant la quantité de virus présent chez la mère. Mis au point à Montréal par Biochem Pharma, ce médicament a des répercussions sur la vie de millions d’enfants. (Référence 1)

Cancer colorectal

Les essais cliniques canadiens jouent un rôle essentiel pour aider à établir les caractéristiques des patients atteints du cancer colorectal qui tireront des bienfaits significatifs du traitement par le cetuximab (également appelé par Erbitux). Dans le cadre d’essais portant sur la survie, la qualité de vie et des mesures économiques, il a été constaté que seuls les patients porteurs du marqueur moléculaire appelé KRAS de type sauvage répondent de manière optimale au cetuximab. Grâce à ces études, les oncologues savent que les patients présentant le gène KRAS de type sauvage répondront à ce traitement. Ainsi, ces derniers reçoivent un traitement personnalisé contre leur cancer colorectal. (Références 2, 3, 4)

Hypothyroïdie congénitale

Les D^rs Jean Dussault et Paul Walfish ont mis au point un test de dépistage à l’intention des nouveau-nés atteints d’hypothyroïdie congénitale. L’hypothyroïdie congénitale entraîne un métabolisme très faible chez les personnes qui produisent une quantité insuffisante d’hormones thyroïdiennes. Cette affection peut entraîner un retard mental. La possibilité de dépister cette affection a permis d’identifier des bébés atteints d’hypothyroïdie congénitale afin qu’ils puissent être traités immédiatement, évitant ainsi un retard mental à des milliers d’enfants. (Référence 5)

Diabète

Avant la découverte de l’insuline, le diabète de type 1 entraînait des décès prématurés. D’importants travaux portant sur le diabète, l’isolation et la purification de l’insuline provenant du pancréas ainsi que des projets de recherche clinique à l’aide de l’insuline en vue traiter le diabète de type 1 ont tous été menés à l’Université de Toronto. Ces travaux, auxquels ont pris part les docteurs Frederick Banting, Charles Best, John MacLeod et J. B. Collip, sont réputés avoir permis aux patients atteints du diabète de type 1 de bien vivre avec cette maladie chronique. (Référence 6)

D’autres recherches et innovations dans le domaine du traitement du diabète de type 1 ont également mené à l’élaboration du protocole d’Edmonton. Le protocole d’Edmonton consiste en une greffe de cellules des îlots pancréatiques chez une personne atteinte du diabète de type 1. Ces cellules sont responsables de la fabrication de l’insuline par le pancréas. Les personnes atteintes d’un diabète de type 1 ne produisent pas d’insuline. Bien que d’autres greffes des cellules des îlots pancréatiques aient été effectuées, le protocole d’Edmonton représente l’intervention chirurgicale la plus robuste, qui a d’ailleurs remporté le plus de succès. (Référence 7)

Crise cardiaque

Le D^r Salim Yusuf et ses collègues canadiens ont dirigé INTERHEART, une étude menée dans 52 pays auprès d’environ 30 000 participants. Les résultats de leur étude ont montré que peu importe notre lieu de résidence, notre race/origine ethnique ou notre sexe, nous présentons tous 9 facteurs de risque majeurs de crise cardiaque. Voici ces facteurs hautement « modifiables » (ce terme signifie que les gens peuvent agir ou influer sur ceux-ci) : tabagisme, taux de lipides dans le sang, hypertension artérielle, diabète, obésité, facteurs psychosociaux, consommation quotidienne de fruits et légumes, consommation d’alcool et pratique régulière d’activité physique. La connaissance de ces facteurs permet d’améliorer la prévention. (Référence 8)

Accident vasculaire cérébral (AVC)

Le docteur Henry Barnett du Robarts Research Institute a mené l’étude NASCET (North America Symptomatic Carotid Endarterectomy Trial) auprès d’environ 1 500 patients dans plus de 50 centres au Canada et aux États-Unis. Les résultats de l’étude NASCET sont critiques à l’égard de la prévention des AVC et de l’usage actuel de l’aspirine en vue de prévenir les crises cardiaques et les AVC. (Référence 9)

Références

1. www.mcgill.ca/reporter/34/14/bellinibio/

2. Karapetis CS, et al., N Engl J Med, 359:1757-65, 2008

3. Mittmann N, et al., J Natl Cancer Inst, 101:1182-92, 2009

4. Jonker DJ, et al., Br J Cancer, 110: 648–65, 2014

5. Dussault, JH, et al., J Pediatr, 86 (5); 670-74, 1975

6. www.heritage.utoronto.ca/insulin

7. Shapiro, AM James, et al., N Engl J Med, 343:230-38, 2000

8. Yusuf, S, et al., Lancet, 364 (9438): 937-52, 2004

9. Barnett, JM, et al., N Engl J Med, 325:445-53, 1991